Atelier du 21 août 2014
Placer les banlieues et les quartiers au centre de la transition écologique.
Salle comble.
Échanges très riches.
Atelier commission Quartiers Populaires.
(Bordeaux jeudi 21 aoùt 2014)
« Placer les banlieues au centre de transition écologique »
Djamila Sonzogni : les objectifs de l’atelier part de l’idée que les quartiers populaires pourraient être au cœur de la transition écologique si nous savions utiliser les potentiels des habitants qui les habitent.
Erwan Ruty : comment créer du collectif dans les quartiers à l’heure où le collectif est malmené ? Avant, les habitants des quartiers populaires avaient une place dans le système économique, la classe ouvrière était considérée comme le fer de lance de l’économie industrielle. Aujourd’hui, des jeunes n’ont jamais connu autre chose que les emplois précaires ou le chômage, il n’y a plus de transmission par les parents.
D’où la question: quelle pourrait être la place des quartiers populaires dans le modèle d’économie circulaire? Les caractéristiques des quartiers populaires peuvent les rendre accueillants : beaucoup d’espace, ce ne sont pas forcément des emplois sans compétence technique, les populations des quartiers sont très créatives et beaucoup d’auto-entrepreneurs viennent de là. Ils ont une capacité de réparer des objets (ordinateurs, voitures, etc). Enfin, il est possible d’y développer des liens avec les pays émergents, via les primo-arrivants. On pourrait ainsi relocaliser une partie de l’économie.
Abdel Mabrouki , du collectif Stop-précarité : il y a une vraie richesse en banlieue, un vrai savoir-faire.
Michel Bourgain, maire de l’Ile-Saint-Denis : l’arrivée à la tête de la mairie est la conséquence des actions menées auparavant. Pour que ça marche, il faut toujours partir du bas pour aller vers le haut, jamais le contraire, c’est la démarche de l’écologie populaire. Il faut déjà préciser de quoi l’on parle. Ainsi pour les « ressources » : humaines, techniques, sociales, environnementale. De même, Il y a plusieurs sortes d’économies : capitaliste, marchande, publique, sociale et solidaire, domestique, économie du don, etc. Le capitalisme a privé de reconnaissance les autres formes économiques.
Quelques exemples concrets : dans la commune de culture ouvrière, l’économie dominante disparaissait à cause de la crise. Il fallait donc trouver une autre économie. On a commencé par organiser la restauration des berges de Seine par des gens au chômage de la commune, à travers un chantier d’insertion. Il s’agissait de montrer que la commune pouvait faire du positif. Puis, la ville a acquis un bâtiment qui est devenu le centre d’un pôle d’économie sociale et solidaire. Au total, plus de 150 emplois ont été créés, dans différentes activités: épicerie bio, traiteur bio-équitable, promotion de la cuisine africaine dans la restauration professionnelle, création informatique, de costumes pour les handicapés. Cette dynamique a permis au projet d’être reconnu par l’État comme pôle d’économie coopérative. En conclusion, il y a des potentiels énormes dans les quartiers.
Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques : insiste sur la nécessité de mener des politiques globales favorables à l’emploi, sans lesquelles les alternatives des quartiers ne sont pas suffisantes, même si elles demeurent utiles. Par ailleurs, les créations dans les quartiers ont besoin d’un soutien de la part des pouvoirs publics. Il ne faut pas se limiter aux petites boîtes qui sont « pauvres et vendent aux pauvres », il faut créer des marques, des réseaux de franchise. Aujourd’hui, on va aller vers la qualité et la fiabilité ; cela rejoint le besoin de support, sinon l’activité risque de quitter les banlieues.
Il reste la question du financement : comment amener de l’argent vers la banlieue ? Au delà de la mobilisation de l’épargne locale, il y a besoin d’argent public mais surtout de fonds privés. Les projets doivent être sérieux mais il faut envisager une obligation d’investissement (x% de leurs placements) des banques vers les banlieues. En conclusion, « small is beautiful » mais ce n’est pas suffisant.
Djamila S. : d’accord sur le global mais on peut aussi agir tout de suite localement comme le montre l’exemple de l’Ile-St-Denis.
Quelques mots en conclusion
Abdel M. : il faut revenir sur les conditions de travail et leur amélioration dans cette nouvelle économie, notamment au moyen des inspecteurs du travail.
Erwan R. : il faut agir sur deux angles:
– l’angle culturel : travailler sur le recyclage et la ressource n’est pas quelque chose de pauvre et misérable. Il faut valoriser ces activités qui transforment et fabriquent de belles choses. Cela contribuera à faire des quartiers populaires des lieux positifs et désirables.
– l’angle politique : rendre solvable, former, orienter l’épargne privée (par l’obligation de reverser au territoire une partie de l’épargne collectée).
Djamila S. : les aides européennes, attribuées sous conditions, sont bonnes. En tant qu’élus, on peut avoir des aides aux entreprises, mais avec des conditionnalités.
Michel B. : pour convaincre, la « tchatche » ne suffit pas, il faut montrer que la réalité peut suivre. L’initiative alternative ne compensera pas les lacunes de l’économie productiviste, mais elle suscite de l’enthousiasme.
Commission Quartiers Populaires d’Europe Ecologie / Les Verts
site : https://quartierspopulaires.eelv.fr
mail : quartierspopulaires@eelv.fr
liste : https://listes.eelv.fr/listes/info/comm-quartiers-populaires
CR au format PDF CQP – CR Atelier JDE 2014