Vu des quartiers populaires, l’Etat français paraît incapable d’améliorer une situation qui se dégrade. Que dire de l’Europe ?! « L’auberge espagnole », version optimiste de l’intégration européenne qui faisait tant rêver, semble très éloignée des réalités des banlieues françaises.
Les salariés les moins qualifiés sont en droit de juger que la circulaire autour des travailleurs détachés leur nuit, puisqu’elle permet à des travailleurs étrangers européens d’être payés moins que les français, donc de les concurrencer y compris sur le territoire français. Ce type de législation prouve qu’elle est sous l’influence de lobbies liés aux grandes entreprises, loin, très loin des petites structures dont ont besoin les quartiers populaires ; qu’elle est vassalisée à une doctrine ultra-libérale qui fragilise les peuples alors qu’on pourrait attendre d’une puissance publique européenne qu’elle les protège. On peut constater que ses programmes d’échanges européens profitent pour beaucoup aux enfants des élites, alors qu’ils sont censés être d’abord destinés aux moins intégrés (à l’instar du programme Jeunesse en action, lié à Erasmus). On peut juger enfin que l’Europe ressemble de plus en plus à un bunker se barricadant contre les immigrés qui se pressent aux portes de Melilla au Maroc, ou de Lampedusa en Italie ; alors qu’elle est impuissante à intervenir en Syrie ou en Ukraine.
Bref, ces élections vont devoir faire de la pédagogie pour convaincre les habitants des banlieues que l’Europe s’occupe aussi d’eux, qu’on peut changer d’Europe… et qu’Europe-Ecologie Les Verts est le mouvement qui s’y emploie le mieux.
Car changer l’Europe, c’est bien le boulot de EELV. Ce boulot, tous les eurodéputé-e-s élu-e-s en 2009 l’ont déjà porté haut : José Bové, Daniel Cohn-Bendit, Karima Delli, Yannick Jadot, Sandrine Bélier, Michèle Rivasi, Catherine Greze et tous les autres, qui siègent au Parlement parce qu’ils aiment et croient en cet organe démocratique, ont prouvé qu’une autre Europe était possible. Et qu’elle pourrait profiter aux banlieues comme aux autres.
Car aujourd’hui, aucun projet de transports en communs ne saurait se développer sans l’aide des fonds européens, notamment le Feder. Or on sait à quel point l’avenir des quartiers périphériques dépend de ces infrastructures.
En matière de santé, on sait à quel point la malbouffe touche les plus précaires, soumis à la restauration rapide et aux lois des grandes surfaces. Heureusement, là encore, la lutte contre l’alimentation bas de gamme et les produits chimiques qui l’inonde, a été l’un des grands combats écologistes. José Bové et tous ceux qui ont défendu la directive Reach, ont permis de limiter l’omniprésence de ces produits chimiques comme le bisphénol, dans tous les plastics (y compris les biberons), ou comme le chlordécone, pesticide ravageur encore utilisé dans le traitement des bananeraies aux Antilles malgré son interdiction partout ailleurs depuis des décennies.
Dans le logement social, qui ne se plaint pas des charges sans cesse plus élevées alors que le service s’y dégrade ? Les écologistes sont les premiers à défendre une transition énergétique, qui créé de l’emploi local et fera justement baisser ces charges à terme. De même, les parlementaires EELV sont les premiers à avoir défendu les programmes d’aide alimentaires aux plus démunis lorsqu’ils ont failli être supprimés par la Commission européenne.
De même que les écologistes sont les premiers à défendre une économie de proximité, dans le recyclage, la réparation et la rénovation. Une économie basée sur les petites entreprises et les artisans, l’économie sociale et solidaire qui emploie les citoyens les plus précarisés que les grandes entreprises délocalisées, elles, avaient décidé de vouer au chômage.
Mohamed Mechmache, le responsable d’ « Ac Lefeu ! » qui incarne la mobilisation dans les quartiers depuis dix ans, co-auteur d’un rapport sur la participation des habitants à la politique de la ville qui a défrayé la chronique des banlieues, portera les couleurs écologistes en Île-de-France. Une candidature dans la droite ligne des engagements écologistes en faveur de la participation de tous citoyens à la vie publique… Et l’espoir que la parole des quartiers populaires soit enfin un peu plus entendue à Bruxelles et à Strasbourg.
Une candidature parmi d’autres, qui feront résonner les préoccupations des habitants les plus humbles à Bruxelles, cette tour de Babel qui pour l’instant a du mal à se pencher sur ces territoires, alors qu’ils sont eux-mêmes l’incarnation miniature de la diversité de l’Europe. Il y a tant d’expériences réciproques à partager dans ce domaine !
Le bureau de la commission quartiers populaires EELV
Erwan Ruty, Djamila Sonzogni, Jean Lafont, Alain Fournier, Claire Monod, Halima Menhoudj, Michel Cadiou
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http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-lafont/090514/quand-les-quartiers-populaires-agissent-l-europe-reagit